Myélome Multiple Le Pr Michel Attal, hématologue et directeur général de l'Institut universitaire du cancer Toulouse Oncopole, a reçu mardi le prix Griffuel de la Fondation ARC pour la recherche sur le cancer. Voilà près de 30 ans que le Toulousain Michel Attal
étudie le myélome multiple, une maladie de la moelle osseuse qui touche
les plasmocytes -les cellules qui produisent des anticorps (5 000
nouveaux cas chaque année en France). La Fondation ARC pour la recherche
sur le cancer en fait le clinicien ayant le plus fait avancer les
thérapies dans le traitement du myélome. Que représente pour vous ce nouveau prix ? J'avais reçu le prix Waldenström en septembre avec un
immense plaisir parce qu'il représentait une reconnaissance de mes pairs
dans mon domaine, le myélome. Là, c'est une fierté pour le travail
accompli par le groupe français du myélome (IFM, intergroupe francophone
myélome), fondé au début des années 1990 alors que la maladie avait très
mauvais pronostic. C'est également une fierté pour la recherche
clinique, rarement mise en avant par rapport à la recherche fondamentale
(celle qui permet de mettre en évidence une molécule). Entre le moment
où nous montons un protocole de recherche et la publication des données,
il se passe dix ans. C'est un travail de fond, d'équipe, qui requiert
des connaissances statistiques, biologiques et médicales pour arriver à
positionner la molécule dans sa meilleure efficacité. Comment vos recherches sur le myélome ont-elles commencé ? La première étude remonte à 1987, j'étais jeune interne
au CHU de Toulouse. Depuis les années 1960, le myélome se traitait par
une association de chimiothérapies pour une survie limitée à 18 mois
après le diagnostic. Or, nous savions que le melphalan -un des
traitements- était plus efficace pour détruire les cellules tumorales
s'il était utilisé à plus haute dose. Mais, à ce dosage, il détruisait
aussi les cellules sanguines indispensables à la vie. Nous avons alors
eu l'idée de proposer, après le traitement au melphalan, une autogreffe
pour restaurer la production des cellules sanguines. Ce n'était pas dans
l'air du temps. L'essai randomisé de 1990, avec plus de 400 patients, a
confirmé nos hypothèses. Nous sommes passés de 18 mois de survie à 5
ans. Avec l'IFM, nous avons convaincu tous les hématologues du monde, ce
traitement s'est généralisé en 1993. La recherche n'en est pas restée là, comment s'est-elle poursuivie ? Une quinzaine d'essais ont suivi pour améliorer
l'efficacité, en ajoutant des cycles de chimiothérapie standard avant le
traitement et un traitement immunologique de consolidation après pour
réduire le nombre de cellules tumorales résiduelles. On a gagné trois
ans de plus. La technique de la génétique a, elle, permit de
personnaliser encore plus le traitement pour les patients identifiés à
risques de rechute et nous attendons beaucoup de nouveaux médicaments
qui pourraient nous faire parler non pas de survie mais de guérison.
Vingt ans et une succession de 10 000 patients ont permis de faire
passer la survie médiane de deux ans à 15 ans. Le boulot s'arrêtera avec
la guérison du myélome et nous n'en sommes pas loin. Avez-vous un message pour les patients atteints de myélome ? Nous avons accompli des progrès inouïs avec un impact fort au niveau international et nous avons aujourd'hui en main tous les outils pour améliorer encore les résultats. Je promets aux patients que le protocole de 2017-2018 en cours de discussion sera plus adapté à chacun avec des intensités différentes et qu'on guérira du myélome. LA DEPECHE 05/05/2016
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